Randonée tandem en Argentine

Le 13 février, 10 tandemistes de Rétina se retrouvent à l’aéroport de Roissy pour embarquer les 5 tandems emballés dans des cartons et s’envoler vers l’Argentine.

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Les 5 équipages dont 1 Suisse vont traverser l’Argentine d’Est en Ouest, de Buenos Aires à Valparaiso au Chili en passant la Cordillère des Andes à 3900 mètres d’altitude.

Après 11 heures d’avion, les voici arrivés à destination où les attendent André et Jean partis une semaine avant pour louer un véhicule et faire différents achats pour la durée de la randonnée. Après les formalités douanières, les bagages et les tandems récupérés, tout le monde se dirige vers l’auberge de jeunesse réservée pour l’occasion. Le remontage des tandems se fait le lendemain sans trop de difficultés et, le samedi matin 4 tandems vont faire un tour en ville pour la découvrir.

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Photo: Buenos Aires : La Place des mères
Lieu de rendez-vous des femmes argentines au moment de la dictature, qui manifestaient pour savoir ce qu’étaient devenus leurs maris, fils, etc.

Le jour J arrive le dimanche 16 , nous partons pour un parcours de 120 kilomètres pour arriver à Saint-André-de-Gilles. Nous sommes accueillis par les maires, les adjoints, les responsables des sports qui nous hébergent dans des écoles, des gîtes…

Salto, la responsable des sports nous remet à tous une médaille et nous sommes nommés citoyens d’honneur de la ville.

À 20 km de Venado Tuerto, nous croisons un cycliste qui nous conduit jusqu’au lieu de rendez-vous où nous attendent une foule dont des personnes handicapées (3 tandems, 2 cyclistes unijambistes, 1 hand-bike, et un vélo couché). À notre arrivée sous une pluie d’applaudissements et d’émotion, nous avons la surprise d’entendre la Marseillaise qui est diffusée par la radio locale.

C’est environ une centaine de cyclistes qui se dirige vers la mairie sous les klaxons des véhicules que nous croisons. Devant la mairie, la foule est encore plus dense, et après le rituel des photos, on nous conduit vers l’auberge de jeunesse où nous passerons la nuit. Vers 21 h 30, nos hôtes viennent nous chercher pour aller manger dans une salle de la mairie, où des tables sont déjà dressées. C’est une grande ville de 100 000 habitants, et quelle est notre surprise de voir Monsieur le maire en personne nous servir à table.

À Canals, nous dormons sous la tente au camping et le soir, le repas avec le maire est interrompu par l’arrivé de cyclistes qui viennent nous saluer. 5 jeunes de 10 ans environ font partie du groupe. Le lendemain après le rangement des bagages et des tentes, nous sommes attendus à la mairie pour le petit déjeuner. À notre arrivée, tout le monde est là, Monsieur le maire aussi, et une quinzaine de cyclistes féminines sont présentes et viennent nous accompagner sur 20 km sous la pluie. Cela nous touche beaucoup.

Nous pédalons tous les jours et parcourons en moyenne 100 km par jour.

Notre arrivée à San Luis se fait sous une pluie assez forte, et le soir pour aller manger, nous sommes encore tout mouillés par la pluie mais aussi par la route en petite pente vers l’extérieur de la ville, mais il n’y a pas de tout à l’égout et l’eau coule le long des trottoirs en faisant de gros cours d’eau.

À Mendoza, nous avons parcouru 1 200 km et nous avons la journée de repos pour visiter un peu et acheter des cartes postales que nous n’avons pas trouvées avant dans les autres villes. En discutant avec les locaux, nous apprenons que nous devons changer nos plans qui étaient de passer la nuit en pleine campagne sous la tente après avoir parcouru 70 km. Effectivement, nous devons traverser une réserve protégée où le camping sauvage est formellement interdit. Donc, nous n’avons pas d’autres solutions que de faire deux étapes en une journée.

Nous parcourons les 110 km qui nous amènent à Upsallata sous la pluie et commençons à monter en altitude. La route est correcte mais elle devient de plus en plus tout terrain avec le goudron qui s’arrache et l’ensemble devient une piste défoncée. Nous avons froid sous la pluie, le vent et nous arrivons à 20 h au village où nous passons une bonne nuit avec un repas bien chaud.

Le lendemain au départ, nous constatons qu’un tandem subit la première crevaison de tout le voyage (crevaison lente). Nous repartons pour une belle journée de vélo.

Maintenant, le paysage a beaucoup changé, les montagnes bordent la route, et nous montrent qu’elles sont encore très hautes. Après 20 km et une altitude de 2500 m, nous arrivons à Los Pénitentes à 3200 m. Cet après-midi là, quartier libre pour s’habituer à l’altitude. Nous en profitons tous pour monter au sommet, les uns en tandem, les autres à pied ou en voiture. Après 5 km de côte, nous atteignons le sommet à 3934 m. d’altitude.

Là, il fait très froid, -1 degré avec un vent très fort de la pluie qui se transforme en grésil et quand les randonneurs arrivent au sommet, la neige les accueille.

Le lendemain, c’est le grand jour, les cinq tandems se préparent à monter au Cristo Redentor, à passer la frontière entre l’Argentine et le Chili. Contrairement à la veille, le ciel est très bleu, le soleil se lève et le vent est déjà debout aussi. Nous commençons à monter, et au fur et à mesure, le vent tombe. Nous voyons de belles montagnes très hautes avec de la neige à plus de 4000 mètres.

La pente est assez raide (environ du 13 %), nous pédalons doucement pour ne pas être en manque d’oxygène, mais certains ne peuvent pas y arriver. Mon pilote n’arrive pas à prendre son rythme de souffle et nous faisons une bonne partie à pieds en poussant le tandem. Vers le sommet à environ 600 m., nous remontons sur le tandem et finissons en pédalant avec la satisfaction d’avoir fait quelque chose d’exceptionnel. Les cinq tandems se retrouvent sans incident mécanique et sans problèmes de santé à une altitude de 3934 mètres.

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Photo souvenir au sommet du Cristo Redentor

Après les photos, nous buvons un chocolat chaud sur le stand d’un chilien et commençons à descendre la piste côté chilien. Le paysage est superbe avec la neige sur les sommets, mais la piste est très technique. Il faut faire attention aux cailloux sur la piste et au cumul de gravier. Nous arrivons à l’intersection avec la route et la voiture nous attend pour continuer la descente vers la frontière. Nous faisons la queue et après les démarches administratives, nous apprenons qu’il est interdit de rentrer avec des fruits sous peine d’amende. Nous mangeons quelques fruits, les bagages sont vidés de la voiture, certains seront un peu fouillés. Un chien policier rentre dans la voiture, et pas de chance, trouve deux prunes que nous n’avons jamais achetées. Notre voiture était un véhicule de location…

L’affaire se règle et nous reprenons notre route en descente (nous ferons environ 60 km de descente ce jour-là). Nous prenons des photos des « caracoles » qui surplombent la vallée. En cours de route, une séance de déshabillage à lieu, puisque de 0 à 5° que nous avions au sommet du Redentor, nous sommes passés à 30°. Nous arrivons à l’étape de Los Andes à 850 mètres d’altitude.

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Le dernier jour de tandem arrive, mais pour arriver à Valparaiso, il faut faire 135 km. Sous le soleil, nous arrivons au bord du Pacifique, et avons encore 20 km en corniche à faire. Le paysage est joli, l’océan d’un côté et la montagne de l’autre côté de la route. Nous voyons des panneaux à certains endroits de la corniche qui annoncent des passages pour escalader la montagne en cas de tsunami.

A l’approche de la ville, les vélos sont interdits sur la route, et un motard de la police ne manque pas de nous le rappeler. Nous prenons les pistes cyclables et arrivons enfin au centre de Valparaiso. Nous avions trouvé un cycliste qui, gentiment, nous à conduits au plus près de notre auberge de jeunesse. Dernière épreuve, il faut monter une sacrée pente qui d’après certains serait à 18 % sur environ 800 mètres. Mon pilote met tout à gauche avant de partir, et il faut tirer sur le guidon, mais il en reste encore à monter. Enfin au sommet, en se retournant, je vois que c’est petit au fond. Je récupère mon souffle au bout de 3 à 4 minutes après cet effort.

Le challenge de rallier l’Atlantique au Pacifique est accompli et nous pouvons ranger les tandems et passer aux visites de cette ville au bord de l’eau et à flan de montagne.

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Photo : au bord du Pacifique

Dans la nuit, certains se sentent secoués, et au petit déjeuner nous apprenons qu’il y a eu un tremblement de terre à 5,2 sur l’échelle de Richter.

Nous avons un jour et demi pour visiter, nous empruntons les funiculaires pour aller plus vite, mais aussi des escaliers pour passer dans des petites rues. Les marches sont irrégulières, mais le paysage en vaut le coup d’œil. Beaucoup de façades de maisons sont graffées (dessin à la peinture), on peut voir de tous les styles.

Après ces visites de la ville, il est temps de préparer les bagages et les tandems pour partir pour Santiago. Pour cela, Maria Cosette (une étudiante chilienne qui était venue en France pour ses études bénévole à l’A.V.H. de Grenoble pendant 4 ans) nous a trouvé un club cyclo qui pouvait nous amener à Santiago.

Nous avons deux jours pour visiter cette grande ville de plus de 5,1 millions d’habitants, capitale du Chili. Nous décidons de monter sur la colline qui surplombe la ville à plus de 800 mètres. Un funiculaire nous amène sur des pentes à plus de 45 %. Du haut, nous voyons au loin et la ville est petite depuis là, de même que les grands immeubles. Santiago a un côté américain au niveau des structures.

Le lundi 10 mars arrive, et nous fermons les bagages pour nous diriger vers l’aéroport. Les tandems sont arrivés emballés et nous attendons pour les démarches administratives. Le départ est prévu à 17h30. Nous avons 13h de vol pour arriver à Paris.

Dans l’avion, les hôtesses passent pour proposer des boissons, nous avons trinqué au champagne pour notre retour.

À l’arrivée à Paris, un petit comité d’accueil nous attend, nous récupérons nos bagages, les tandems et certains repartent de suite. Je rentre par le train de 17 h et arrive à Montpellier après 4 h de train, fatigué. J’ai la surprise d’être accueilli par quelques personnes.

Le lendemain, c’est avec la tête à l’envers que je me lève. L’Argentine et le Chili ont quatre heures de moins par rapport à la France.

Muchas gracias por su atención, hasta luego

 Jean-Marc