Le Guide du tandem (chapitre 2) : Les Partenaires

2. Les Partenaires

de Daniel GOUY

La sortie en tandem d’un déficient visuel nécessite 2 partenaires : le déficient visuel qui est le copilote situé à l’arrière et un guide valide situé à l’avant qui pilote et l’accompagne. Le comportement du binôme sera dépendant du niveau de déficience visuelle du copilote et de son implication dans la randonnée, du mental et du niveau d’implication du guide et enfin de la condition physique des partenaires.

Dans son accompagnement le guide doit responsabiliser son partenaire afin de respecter la liberté du déficient visuel dans ses déplacements pédestres.

Il faut distinguer les déficients visuels totaux c’est-à-dire aveugles qui sont complètement dépendant de leur guide et les déficients visuels partiels dont la vue est trop faible pour conduire mais suffisante pour conserver un certain degré d’autonomie. Dans cet état d’esprit, le comportement et l’attitude du pilote doivent s’adapter sur et hors du tandem. En clair par respect du mal voyant le pilote doit savoir se soustraire discrètement tout en gardant un oeil attentif le laissant plus libre dans ses déplacements.

En dehors du tandem, avec un aveugle il faut être très vigilant et concentré pour accompagner son copilote, lui indiquer tous les obstacles et ne pas le laisser et l’oublier en un lieu, d’une part parce que ce n’est pas sympathique d’autre part parce que cela pourrait être dangereux. Il est nécessaire de rappeler que le mal voyant doit avoir le réflexe de sortir sa canne blanche. Bien sur aucun guide n’abandonne volontairement l’aveugle avec lequel il roule mais souvent pris dans l’action en particulier lors de manifestation de groupe on peut être attirés vers d’autres activités ou discussions et oublier momentanément son partenaire. Il n’est pas rare de trouver ainsi un aveugle planté au milieu de nulle part qui attend le bon vouloir de son guide ou d’une autre âme charitable.

Avec un déficient visuel partiel le risque d’abandon momentané et d’isolement est moindre car il peut se débrouiller plus aisément. Il n’est pas rare dans les manifestations de groupe de voir des déficients visuels partiels guider des aveugles. Pour le guide il est donc moins exigeant d’accompagner un déficient partiel qu’un aveugle. Cependant il faut rester vigilant car la pratique du tandem s’effectuant sur des routes avec les dangers que cela comporte, il ne faudrait pas qu’un excès de confiance et d’autonomie conduisent à l’accident d’un mal voyant comme cela peut aussi arriver à un valide en bord de route.

Sur le tandem les 2 types de déficients visuels doivent respecter les mêmes consignes et il ne devrait pas y avoir de différence dans la manière de guider. L’expérience montre qu’en raison de leur moindre autonomie, les aveugles sont en général plus disciplinés que les déficients partiels et montent et descendent du tandem à l’annonce. Les déficients visuels partiels au contraire ont tendance à s’affranchir des annonces en particulier lors de l’arrêt et descendent souvent trop tôt ; parfois même ils mettent pied à terre ou descendent aux feux sans que l’annonce soit faite. En tant que guide il faut donc anticiper et leur dire de ne pas descendre et de rester aux pédales si nécessaire.

Le mental du guide est également important aussi bien pour la conduite que pour l’accompagnement en dehors du tandem. Pour la conduite il doit faire preuve d’une grande responsabilité et ne prendre aucun risque. Pour cela il doit vérifier et avoir confiance dans son matériel, respecter le code de la route, anticiper les dangers, ne pas oublier la longueur (2.5m), le poids (20kg) et la moindre maniabilité d’un tandem par rapport à un vélo. Il doit aussi tenir compte de son copilote (niveau de handicap, poids, taille, expérience, condition physique et motivation) pour choisir la randonnée, évaluer le niveau de risque que l’on peut prendre et donner les consignes. Ainsi la vitesse prise dans une descente sera modulée en fonction de ces divers paramètres (matériel, état de la chaussée, copilote etc.).

Pour l’accompagnement en dehors du tandem, nous avons déjà précisé l’engagement du guide en fonction du niveau de handicap. On peut ajouter que si il faut être présent pour assurer l ‘accompagnement et la sécurité il ne faut pas être pesant pour son partenaire et savoir lui laisser suffisamment d’autonomie. Le guide doit donc trouver dans son comportement un juste équilibre relationnel qui sera variable en fonction du déficient visuel. Cette implication juste suffisante et sans excès associée à de nombreux autres facteurs individuels et personnels contribuera à l’établissement de l’affinité des partenaires.

La condition physique et l’expérience des 2 partenaires conditionnent bien sur le type de randonnée et participent à la bonne entente du binôme. Si les 2 n’ont pas d’entraînement cela ne peut pas aller bien loin et il faut choisir des randonnées très courtes privilégiant la convivialité.

Si l’un seulement (guide ou copilote) a la condition physique il faut qu’il accepte de compenser les déficiences de son partenaire et règle la vitesse et le rythme de pédalage pour que ni l’un ni l’autre ne « se mettent dans le rouge ». Cela est tout à fait possible mais nécessite un bon caractère et un bon esprit d’équipe tout en sachant que l’on ne peut pas envisager cette solution pour une longue randonnée ou sur un parcours exigeant. Dans ce cas de figure (déséquilibre entre les 2 partenaires) le plus costaud devra être très vigilant sur le comportement de son partenaire pour qu’il ne s’épuise pas et les conseils pour se ménager seront bien venus. Inversement certains copilotes qui manquent de motivation, se laissent aller et se comportent comme un passager, nécessitent d’être stimulés. La répétition de cet état de fait peut conduire à des tensions ou tout au moins démotiver et décourager certains guides. Lors de la constitution des binômes pour les sorties de groupe (voir 6.2 sorties collectives) il faudra veiller à ne pas pénaliser toujours les mêmes guides.

              balade tranquille en tandem 

                              De la balade facile           

  pente à 8% en tandem

                        A la Randonnée plus musclée

 Pour faire des randonnées un peu plus longues et sportives il faut que les 2 compères aient un minimum d’entraînement et si possible roulent régulièrement ensemble. Cela permet de développer ainsi une bonne entente et une complicité entre les partenaires, encore faut il qu’il y ait une bonne communication et une concertation sur le choix des jours de randonnée, des parcours (durée, longueur, relief, vitesse, arrêts, boisson, alimentation etc.) et de la philosophie recherchée dans la pratique du tandem.

                       7 sur le tandem

                                           En passant par la rigolade